Par Louise Noelle
La critique architecturale a toujours été liée au développement de l’architecture, comme une expression des spécialistes qui se vouent à l’étude des constructions. Ainsi, l’action des critiques doit se comprendre comme la formulation de jugements sur les architectes et leurs œuvres, dont le but n’est eulogie ni condamnation, mais plutôt un discours cultivé et constructif. Il sera donc nécessaire que les uns et les autres trouvent un terrain en commun pour établir une participation constante, qui puisse apporter des bénéfices aux destinataires de l’architecture.
Le Comité International des Critiques d’Architecture, CICA, a vu sa naissance au cours du XIIIe Congres de l’UIA, à Mexico, en 1978. À cette occasion un groupe de critiques s’est réuni, grâce à l’enthousiasme de Pierre Vago, pour envisager la création d’une forme d’association dérivée d’idées en commun. De nombreux critiques ont assisté à ces premières réunions, pour exprimer leurs propositions sur le rôle de ce groupe et sa possible relation avec l´UIA; ce fut une Babel de langages, mais peu a peu se dégagèrent des idées et des points de vue partagés par tous les assistants. Finalement, grâce à la clarté de vision et le pouvoir de synthèse de Bruno Zevi, une Déclaration de Principes a été rédigée par un petit groupe composé par Bruno Zevi (Italie), Max Blumenthal (France), Louise Noelle Mereles (Mexico), Mildred Schmertz (USA), Blake Hughes (USA) et Jorge Glusberg (Argentine). Du texte de cette Déclaration, lue au cours de la séance de clôture du Congrès, il est intéressant de relever l’idée de collaboration et dialogue entre architectes et critiques dans le cadre général de l´UIA, et l’affirmation de reposer la vision de la critique comme une action positive qui doit faire partie intégrale du procès architectonique.
Grâce à Jorge Glusberg, qui a pris en charge le Secrétariat du groupe initial, une première réunion a été organisée à Barcelone où furent invités de nombreux spécialistes. C’est après trois jours de délibérations que CICA s’est constitué officiellement le 19 juillet, avec l’appui de l’UIA. Comme résultat des premières décisions, un groupe de Directeurs a été élu, avec Bruno Zevi comme Président, Julius Posener, Dennis Sharp, Pierre Vago et Jorge Glusberg comme membres du Bureau, ce dernier à la tête des foncions du Secrétariat établi dès lors à Buenos Aires. En plus, un premier groupe de membres a été accepté, et il a été établi que le français, l’anglais et l’espagnol seraient les langues de travail. Ce fut un évènement mémorable, avec des sessions publiques dans la Fundación Joan Miró, qui a vu publiés les textes des présentations dans un petit ouvrage intitulé “Architectural Theory and Criticism”.
Un an plus tard, une seconde réunion a eu lieu à Buenos Aires, avec un nombreux groupe de critiques et une nouvelle publication “Is Architecture a Language, and in what sense?». Suite à des délibérations internes furent rédigées les Bylaws, actuellement déposés à Paris, où se trouve le Siège du CICA. Par la suite, un bon nombre de réunions ont eu lieu avec la présence de divers membres de l’organisation.
Il faut signaler deux genres d’événements: ceux qui accompagnent toujours les congrès de l´UIA et ceux qui se tiennent en collaboration avec une institution liée à l’architecture. Parmi les premiers on peut noter la participation constante des membres du CICA dans des Symposiums organisés dans le cadre des congrès depuis celui de Mexico. Il faut rappeler spécialement celui de Varsovie, où une vraie multitude a comblé la salle des présentations publiques. À partir du Congrès du Caire, un jury interne a décerné des prix pour les meilleurs livres, catalogues et articles de critique architecturale de chaque période. Aussi les assistant aux Congrès UIA de Brighton, Montréal, Chicago et Barcelone, sont toujours venus nombreux pour prendre part aux Sessions CICA; des longues discussions se sont tenues sur la présentation de thèmes théoriques, d’analyses de livres et revues, et surtout des œuvres d’architecture les plus importantes de cette époque. Ainsi, architectes et critiques ont démontré qu’il est possible d’établir un dialogue fécond, renouvelé chaque trois ans par les intérêts en commun.
D’autre part on peut noter une participation de CICA à l´IBA 84 à Berlin (1984), et aux colloques de l´Université de New York (1980), de Vienne avec la collaboration de l’Institut für Raumgestaltung (1984), de Maratea, Italie (1984), et de Sydney dans la Conférence du Royal Institute of Australian Architects (1988); après la consultation pour EXPO-92 a Séville (1988), et plus récemment d’une très intéressante rencontre avec IBA Gelsenkirchen (1994), les membres assistants ont issu des déclarations. Une mention spéciale doit se faire sur l’inclusion de “Journées CICA” dans les Triennales de Sofia, Inter’Arch, en Bulgarie, depuis 1989; de même avec les Biennales de Buenos Aires, dès 1985, avec des participations dans les séances plénières et le décernement du Prix CICA pour des œuvres d’architecture récente.
Ces expériences ont montré que la critique architecturale doit maintenir des liens étroits avec les créateurs de l’habitat humain; le dialogue établi doit se poursuivre et se développer, pour atteindre des résultats valables. Ainsi, UIA et CICA, deux institutions internationales qui visent au bénéfice de touts les hommes, doivent consolider les actions entreprises auparavant et continuer avec les activités communes. L’architecture sera valorisé, pour mieux occuper la place qui lui correspond dans la culture mondiale et favoriser son appréciation et conservation.